• Sur le frais Cresson •[PV]

Le corps reposant contre la verdure parfaite, David était allongé, les bras derrière la tête, une jambe quelque peu fléchie, il laissait défiler ses pensées au travers de son esprit. Ses yeux étaient ouverts mais la réalité ne le gagnait pas bien beaucoup.
L’étudiant contemplait le ciel, quoique les feuillages de l’arbre se retrouvant à quelques mètres de son long, mordait légèrement sur sa vue. Mais cela ne gâchait rien du tout, au contraire ça comblait le décor… En tout état de cause, son repas l’avait bien remplit, il venait s’isoler dans ce grand jardin, histoire de décompresser de sa journée et de penser à autre chose… Pour une fois qu’il n’étudiait pas à temps plein !

La nuit commençait à recouvrir le ciel de New York, mais le soleil était encore présent, somptueux il l’était mais bientôt il céderait sa place à la Lune. Quand bien alors la nature évoluait lentement, David lui, ne pensait plus à grand chose, il porta une main sur son torse, sa chemise ouverte laissait passer ce filet d’air. Sentant son cœur battre, il sourit finement. * L’ archiborescence … C’est complexe ouais, mais original.. Ils vont être étonnés…*
Ses rêveries gardaient alors le thème de ses études, même s’il n’étudiait pas, il pensait néanmoins toujours à ce qu’il avait en tête. Toutes ses techniques, ses projets déjà faits le mènerons sans doute vers la profession qu’il désire user. Devenir architecte est son souhait le plus cher, seulement même avec un dossier très favorable, des notes exemplaires et une assiduité parfaite il lui faudra du courage…

Mais ceci n’est pas concret pour le moment, les études primes, et le fait d’être parfois trop rêveur à ce sujet pourrait l’égarer. Le soleil, même s’il s’effaçait progressivement du ciel, laissait toujours ses rayons brûlants parvenir jusqu’à l’Université, et par la même occasion, David. La chaleur était lourde mais soutenable, car cette douce brise venait caresser son visage focalisé sur le ciel. Cette même brise fouettait tranquillement la chevelure du jeune homme, puis l’herbe verte…

David, seul, entendait au loin d’autres étudiants, s’amusant, criant… Il aurait aimé être parmi eux, mais c’était hélas impossible, il ne connaissait là que deux ou trois personnes, ayant eux aussi leur vie. Mais la solitude lui permettait de s’évader, tout comme il le faisait maintenant…

Ah le p’tit shit du soir. Bonsoir ! Comme il était étonnant que ce simple petit plaisir Ô combien interdit dans cet établissement, accompagné d’une bonne bière l’aidait à déstresser d’une lourde journée. Oh oui, la journée fut péniblement lourde, mais la pression retombait à mesure qu’il tirait sur son joint. Loin, s’éloignaient les critiques acerbes du vieux professeur de sémiologie avec lequel il eut une altercation quasi houleuse.

Ce vieux con n’était pas capable de reconnaître son archaïsme. S’en était horripilant. Comment un prof aussi étroit d’esprit pouvait-il enseigner à la Columbia University ? C’était une honte, et il se surprit même à vouloir aller dans le bureau du Doyen s’en plaindre. Cette idée le fit rire comme un con tout seul contre le mur contre lequel il était appuyé. Le Doyen ! Le roi des cons, avec qui il avait mainte fois eu des problèmes a cause – soi disant – de son côté vandale, ne valait pas mieux que ce dinosaure de prof de sémiologie.

Ouais, ce soir Lucas était d’humeur rebelle pour ne pas changer. Il pensait déjà à un coup d’état, à une basse vengeance qu’il ferait passer pour une œuvre d’art au nom de la liberté d’expression. Mouais, finissant son joint, il l’écrasa contre les dalles du patio avant de se mettre à marcher en savourant le reste de sa bière vers l’entrée à une centaine de mètres plus loin, se disant qu’il n’aurait qu’à aller chercher Christina, sa guetteuse préféré pour ce genre de plan foireux.

A la babacool, c'est-à-dire, en bermuda, en tong et en marcel blanc, Lucas marchait silencieusement sans complexe. Quelques secondes plus tard, il croisa David Spencer, un petit nouveau qu’il savait être en première année dans la même section que lui. Seul, le jeune homme était allongé sur un banc en pierre, regardant le ciel qui commençait à s’étoiler. En bon camarade issu du même « clan » que formaient les étudiants des Arts et Musiques de l’université, Lucas s’approcha de lui.

« Alors le bleu ? Comment ça se passe ce début d’année ? L’envie de te tirer une balle ne t’a pas encore gagnée ? Ou est-ce que je me trompe et tu attends la mort ? » Demanda-t-il sur un ton d’humour en finissant sa bière.

Lorsque alors il décrivait ce ciel parsemé de nuages les plus difformes les uns des autres, une personne vînt à le faire regagner la réalité. Ce fut là un jeune homme, brun, tout du moins c’est ce que David aperçut lorsqu’il se tourna vers celui ci. En réalité il l’avait bien là surprit, ne s’attendant pas le moindre à ce qu’une personne vienne à son encontre. Sans doute était-il trop profondément encré à rêver.
Il se redressa alors, chemise ouverte, écarquillant ses yeux sur cet arrivant qui s’adressait à lui…
C’est ainsi que depuis quelques jours maintenant, plusieures personnes se dévoilaient à Spencer, l’extirpant de sa timidité profonde.

Le regard appuyé, les mains humides, il fixa cet homme. « Euh.. Nan je rêve… Je pensais justement aux cours, à vrai dire, ça se passe très bien, j’aime bien cette université, j’arrive à être au niveau. »
Il perdit soudainement ce regard fixe, ce détournant ainsi de Lucas, il préféra tout à coup porter une nouvelle fois ses yeux troubles sur le ciel, le soleil s’approchait de plus en plus de l’horizon, colorant ainsi les nuages d’un orange pâle. Avidement il reprit. « Avec un ciel comme ça, comment ne pas rêver … »

David se leva alors, les bras mous, pour s’approcher de cet arbuste, il était fin, petit, mais ses feuilles étaient impressionnantes, il en effleura une, puis reporta cette main dans une des poches de son jean. Alors que la brise apaisait une fois de plus l’étudiant, il se tourna vers celui qui était dans la même section que lui.

« Parle moi… » Dit-il d’une mine étrange. Sans doute voulait-il que ce jeune homme casse l’ambiance calme qui s’était installée depuis l’apparition des rêveries de Spencer.
Il regardait cette bouteille en verre, que Lucas finit, celle ci tentait Dav’, ça n’aurait pas été de refus…

Lorsque David Spencer se mit à caresser l’arbuste d’une façon presque sensuelle, Lucas Hunter roula les yeux, trouvant cela complètement stupide. Fallait vraiment se la jouer artiste pour faire ce genre de chose. Lucas s’attendait à tout moment à l’entendre parler avec les plantes, et pourquoi pas après le ciel, et pour finir avec l’univers qui les entourait. Ri-di-cu-le… Vraiment ri-di-cu-le.

« Y a pas que moi qu’est fumé un coup ce soir. » Murmura le jeune néo-zélandais derrière le goulot de sa bouteille. « Tain, ca dut être de la bonne pour te mettre dans un état pareille. Le mec, il parle aux plantes et il s’extasie devant le ciel… hallucinant ! »

Lucas laissa échapper un rire en s’approchant du jeune poète, mais lorsqu’il réalisa que David lui avait demandé sur un ton lasse de parler comme s’il lui donnait la permission, un petit démon de malice s’éveilla en lui. Mouais, réveillons le première année ! Toujours complètement à l’ouest dans ses réactions, le jeune homme dans un mouvement de rage balança sa bouteille vers David. Celle-ci frôla son oreille et alla exploser contre le mur plus loin en de grands éclats de verres et d’éclaboussures mousseuses.

D’un geste brusque et rapide, il agrippa la chemise ouverte du première année qu’il tira à lui. « Ecoutes, mon coco… » Dit-il d’un air sévère, le visage à quelques centimètres du sien, et le poing lever, près à l’abattre contre la face de David. « Plus sympa que moi par ici, tu trouvera pas, mais j’suis pas une machine à blablater qu’on allume quand on le désir, ok ? » Un hurlement sévère. « OK ? » Des petites secousses. « Alors, la prochaine fois, tu me demande pas de te parler… »

Libérant avec dédain David, Lucas fit mine de partir lorsque soudain il sauta comme un enfoiré sur place en agitant les mains. « Eh le bleu ! Saluuuuut. » S’écria-t-il en lui tapotant les épaules. « J’m’appelle Lucas, troisième année en Histoire de l’Art. Talentueux élève de cette section, j’ai parfois tendance à faire n’importe quoi comme tu le vois, ce qui exaspère notre vieillard de Doyen et son étroitesse d’esprit soit dit en passant. » Rapidement, il rejoignit le banc sur lequel il s’affala dessus, sur un flanc. « T’as pas pisser dans ton froc j’espère ? J’allais pas réellement de foutre une branlée. Enfin, pas aujourd'hui en tout cas, j'suis trop déchiré ce soir pour me battre. »

L’esprit tranquille de David s’émoustilla vivement lorsque alors cette bouteille de bière lui siffla à l’oreille. La folie s’emparait de l’un ? Ou les rêveries semblaient trompeuses pour l’autre ?
Pour dire vrai, la bouteille s’éclata en morceaux derrière le jeune homme. Un semblant de bière en pression vînt à se déposer dans la nuque encore chaude de David.. L’ai exacerbé par les gestes du fou furieux, il marqua son visage bien étrangement, d’une façon d’avouer l’ imprudence de Lucas.

De plus les mots peu pesés de ce dernier, éveilla en David, une pression particulière. Il était las de sa journée, avait trouvé cet endroit calme pour s’y reposer, puis ce jeune alcoolique qui débarquait de nul part pour le taquiner, d’une façon peu commune pour l’étudiant.

Puis, alors qu’il restait planté au même endroit, Lucas s’approcha du corps au torse dévoilé, une série de pulsions s’empara alors de celui ci, secouant comme il le pouvait, David le pacifiste. Tandis que le coup de théâtre s’approchait d’une réalité diffuse, laissant croire à Spencer que les deux hommes étaient partis sur de mauvaises bases. Des hurlements suivis, faisant bien comprendre au jeune étudiant une morale probablement se fiant à la loi du plus respectable mais qui n’était pas fondé pour David.

Bien encore il laissait échapper quelques bruits, mais ce spectacle ne dura pas. En effet Lucas lâcha de son étreinte l’ apeuré, s’en retournant. David lui, méfiant, lança un regard de dégoût à cet homme qu’il croyait bon. « Pff.. Connard » Dit-il de sa petite voix, sans pour autant que son assaillant ne l’entende.
Alors qu’il se croyait de nouveau tranquille, s’étant persuadé que sa timidité n’était pas la seule fautive pour avoir de si mauvaises relations avec les étudiants, il sursauta, tandis que Lucas jouait le bouffon exacerbant aux yeux du timide. A présent, il pensait bien qu’il lui allait en retourner une, mais le ton de sa voix semblait posé, oui, il l’était car les mots en furent de plus concluant, il se décrivit normalement, comme si rien ne s’était produit entre les deux, aucun litige. Mais David ne voyait pas ce coup de pression comme théâtral, non bien au contraire il l’avait fait douter… Quand, machinalement Lucas s’installa sur le banc en pierre, David s’approcha de cet étrange énergumène, le regardant, le détaillant du mieux qu’il le pu pour enfin s’exprimer.

« J’en ai marre, de ces putain de gens à la con.. » Il commença à s’emporter portant ses mains à ses cheveux bruns. « Un jour je dois ouvrir ma gueule pour ne pas qu’on me traître d’insociable, puis un autre faut que je la ferme, soit disant comme si je manquai de respect.. Nan mais putain, ça m’saoule… »

Il inspira longuement, porta une nouvelle fois son regard dans celui qui s’était calmé, puis secoua doucement la tête…